Les Conséquences du Trou

La pièce nait de l’envie de parler de l’isolement et des femmes.

Cette pièce n’est pas un documentaire, elle ne retranscrit pas avec réalisme la vie à la campagne, il serait bien trop présomptueux de prétendre la connaître suffisamment pour en faire une généralité. J’en fais donc ma réalité de femme issue de la campagne, loin des théâtres, des facultés, du travail, des transports en commun, loin d’une boulangerie, d’une pharmacie ou d’un médecin. Il me paraissait ainsi intéressant de partir de l’isolement géographique pour traiter de l’isolement personnel et d’imaginer comment l’un fait écho à l’autre. Je souhaitais traiter ce thème sérieux de façon poétique et imagée voire fantasmée, tout en laissant la place à une autre histoire, celle de l’amitié ou de la nécessité de ne pas vivre seule.

Il y a dans le mot « trou » tout un monde, un vide, un vertige. Au début de la pièce « Une » est littéralement en train de creuser un trou. Je voulais partir de ce sens figuré et l'étirer jusqu'à ce que ce trou dans le sol, devienne cet espace où rien ne se passe puis ce vide dans les coeurs. Une fatalité que les deux personnages n’auront de cesse de chercher à contourner, à déjouer, par des biais plus ou moins réalistes.

Tandis que l'« Une » cherche concrètement à changer sa vie, « Deux », elle, passe son temps à s’inventer une vie et celle des autres aussi, souvent bien plus intéressante que la sienne. Ainsi l’imaginaire tient une place importante dans la pièce, comme moyen de survie et tout l’enjeu était de faire en sorte que le spectateur, lui même, oscille perpétuellement entre vrai et vraisemblable, entre rêve et réalité.

Le second thème que traite la pièce et qui est étroitement lié au premier est celui du rapport à l’Autre. Lorsque notre environnement nous prive de tout, qu’est-on prêt à faire pour garder au moins l’Autre ?
Voici deux femmes que tout oppose, qui s’aiment, se fuient, se rejettent, avancent ensemble ou se tirent vers le bas, refusant une possible ascension de l’autre qui confirmerait leur propre échec. L’Autre tient une place importante parce qu’elle devient celle qui brise la solitude.

Par le biais de cette histoire poétique, touchante et sincère, où les personnages ne tiennent pas de propos revendicatifs, n’interpellent pas le public sur leur condition mais vivent simplement leur rencontre hors du temps, je souhaite mettre en avant des femmes qui se battent, des femmes qui avancent seules et qui rappellent à chacun qu’elles sont nos voisines, nos collègues, nos amies et nous même.